Pieds dans le PAF - association d'éducation aux médias

La loi et la liberté


Liberté de la presse, oui mais pour qui ?

Nantes révoltée, et nous avec elle. C’est le titre de la tribune que nous avons signée avec de nombreux médias alternatifs pour soutenir ce média nantais menacé de dissolution par le ministère de l’intérieur. On vous invite à la lire, car elle résume assez bien la toxicité du paysage médiatique dans lequel nous nous trouvons actuellement. « La dissolution pure et simple d’un média ayant simplement relayé des appels à manifestations, et couvert ces dernières, constituerait une atteinte directe aux droits fondamentaux, notamment à la liberté d’expression et à la liberté de la presse, et serait un précédent aussi dangereux qu’inacceptable. »

La liberté d’expression est encadrée par la loi. Elle a des limites, des corollaires. Le respect du droit d’auteur par exemple. Pendant que le ministre de l’intérieur annonçait qu’il allait essayer de museler un média pour des raisons fallacieuses, Eric Zemmour comparaissait au tribunal pour contrefaçon au droit d’auteur. En cause, son clip de campagne, qui reprend des dizaines d’extraits vidéo pour lesquels il n’a demandé aucune autorisation de diffusion.

La presse engagée existe. On peut la critiquer et ne pas être d’accord avec. On peut questionner son objectivité, ne pas la lire, la boycotter si on veut. Mais ce qui existe aussi, c’est la loi. Aucun délit de « nuire à l’image et à l’attractivité de la capitale régionale » n’existe. Pas plus qu’un délit « d’idéologie anarchiste et haineuse ». Par contre, piquer des images de films sans autorisation, c’en est un. Ou appeler tenir des propos racistes.

Dans le paysage médiatique, il y a donc des géants qui se pensent au dessus des lois, et des petits qu’on essaie de détruire en tordant les lois dans tous les sens. Heureusement, les petits sont malins : la loi, ils la respectent, car ils savent que le moindre écart peut leur être fatal. Ils sont aussi solidaires (on apprécie la belle unanimité des médias indépendants dans leur soutien à Nantes Révoltée.)
Au final, la procédure risque de faire pshit. Mais comme Nantes révoltée l’a déjà dit dans un post : Merci pour la pub !
On vous souhaite un mois de février engagé et narquois.

Illustration : Madame Anastasie, 1874, par André Gill (1840-1885).