Pieds dans le PAF - association d'éducation aux médias

Dire non à Spielberg et Besson…


Entre mars et avril 2017, les Pieds dans le Paf (particulièrement Claire Veysset) a animé des ateliers vidéos avec le CCAS autour de l’image de soi. Récit subjectif par l’un des participants :

Dans le cadre d’une action collective du CCAS de Saint-Nazaire avec Delphine Rabu, socio-esthéticienne du susnommé, nous nous sommes vu proposer le tournage d’un court-métrage.

Entre handicapés sociaux de diverses obédiences, heureux bénéficiaires, qui du RSA, qui des allocations pour adultes handicapés, qui des allocations chômage (actuellement nommées ARE pour « allocations de retour à l’emploi » ; humour ou cynisme ? qui peut le dire ?), entre handicapés sociaux, disais-je, nous sommes bien sûr habitués à refuser les propositions les plus alléchantes de Steven Spielberg et de Luc Besson ; mais qui peut résister au sourire de Delphine ?

Pas nous.

Le plus gros défi (mais le métier de Delphine t’a sans doute déjà mis la puce à l’oreille, ô sagace lecteur) était de montrer à la caméra ce que nous avons tant de mal à accepter de voir dans le miroir.

1 Scénario

Les postes de cadreur, preneur de son, réalisateur, furent donc pris d’assaut, pour, du coup, ne plus avoir grand monde devant les caméras. Aussi dûmes-nous remettre les bœufs devant la charrue et nous brainstormer un minimum de scénario. Les idées fusèrent, et ne croyez pas qu’il est plus facile de mettre d’accord des adultes que des enfants ! Mais ces idées s’entrelacèrent si bien qu’au bout du compte chacun s’était approprié les histoires au point d’avoir l’impression (justifiée) que son apport était essentiel au résultat final.

2. Tournage

Vinrent les jours de tournage. La météo était plutôt douce pour un mois de novembre même si nous étions début mai. Mais peu importe : la mer n’était pas plus humide que d’habitude. Ces jours durent être assez pesants pour Claire : tant de fils à brancher, de molettes à régler, de boutons à ne pas omettre d’appuyer, de boutons à ne surtout pas appuyer ! et tant de néophytes plein d’enthousiaste maladresse aux manettes ! D’autant plus néophytes que nous avions convenu d’alterner pour toucher à un peu toutes les tâches.

Finalement tout le monde passa devant la caméra, plus ou moins grimé au début et de plus en plus libéré, l’aisance venant vite avec l’expérience. Voire la lassitude lorsqu’il fallut retourner des scènes dont l’image ou le son n’auraient su combler notre exigence de qualité.

3. Montage

Il serait mensonger de dire que nous sommes emballés par le résultat puisqu’à l’heure où j’écris ces lignes le montage n’est pas terminé. Nous n’en avons vu que quelques morceaux, fort prometteurs, et faisons toute confiance à Claire pour finir aussi bien qu’elle a commencé. En plus du résultat final, le plaisir du travail collectif (aussi prise de tête puisse-t-il parfois être), le bonheur des rigolades communes et la satisfaction d’être allés ensemble jusqu’au bout m’amènent à me rendre compte que je ne sais absolument pas comment finir cette phrase.

Personne ne doute que n’importe quel autre animateur des Pieds dans le Paf aurait aussi bien rempli son rôle, mais tout le monde est conscient que nos souvenirs n’auraient pas la même couleur sans le charme de Claire.

Le seul point négatif c’est que maintenant il va nous être pratiquement impossible de continuer à dire non à Steven et à Luc.

Fred Rochefort